Jo HUBERT
a quitté ce Monde le 20 Mai 1977.Il n'avait que 43 ans.
En quelques années, il s'était acquis une popularité
sans précédent dans toute la Bourgogne dont il
était sans doute le seul accordéoniste qui attirât
la grande foule dans les bals et les galas. On ne peut oublier
cette sorte de Ségurel Bourguignon dont la musique reflétait
à la fois le charme des paysages de cette belle province,
la truculence de ses habitants et surtout une bonne humeur communicative
qui semblait malicieusement dispensée par Bacchus, lequel,
comme chacun sait, devait être Bourguignon lui-même!
Pour nous, qui étions ses proches collaborateurs, Jo
Hubert fut un modèle de gentillesse et de sincérité.
Ses talents d'interprète et de compositeur nous aidèrent
à mieux le connaître, à l'apprécier,
à l'aimer. Ensemble, nous rendons hommage à notre
ami disparu.
Mais il ne faut pas être triste, car cette musique est
faite pour danser et chanter la joie de vivre. Il ne faut pas
être triste: ce n'était pas le tempérament
de Jo Hubert.
Il ne faut pas être
triste car s'il nous voit, il ne nous le pardonnerait jamais.
Bernard DEHABRE |
Roland MANOURY |
Marc PROVANCE |
Freddy CARRARA |
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JO
LE BOURGUIGNON
C'était un gars charmant, né avec un don,
Il avait des doigts de fée pour piloter l'accordéon,
Sa gentillesse a conquis plus d'un Bourguignon,
Et nos oreilles restent avides de ses belles compositions
De ses mains agilent,
il chantait son beau pays,
La vigne, la nature, la fête, la joie, la vie,
Partout, il s'est fait nombre d'admirateurs et amis,
Seule, sournoise, la maladie l'aura trahi.
Il ne vivait que pour
l'accordéon,
Le musette était sa religion,
Il côtoyait les stars, les grands,
Mais il restait simple, sans façons.
Autant assidu à
la musique qu'au travail,
Lui, le métallo anonyme façonnant le métal,
le Samedi venu, devenait roi du bal,
Assurant une ambiance sans égale.
Il a quitté ses
Diables Noirs et son Maugein,
Pour rejoindre le Paradis des Musiciens,
Au Panthéon des virtuoses divins,
Il aura sa place parmi les illustres défunts.
C'était le chantre
des villages, des coutumes, des rivières,
Leur consacrant des beaux titres et jolis airs,
Le "piano à bretelles" a perdu un être
cher,
Mais les mordus n'oublieront jamais Jo Hubert.
Robert BRILLAUD
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Les Dépêches
Salut, Jo !
Il le savait, ou s'en doutait - à un certain niveau,
cela revient au même - il ne pouvait donc pas ne
pas s'y attendre. Rêveur, poète - dans le
bon sens du terme - et réaliste, à la fois,
sans doute s'est-il, avec juste assez de théâtralité,
pour pouvoir lui faire la nique, inventé une fin
aussi minutieusement réglée qu'une partition
de musique. Sa dernière partition. Comment lui
en vouloir, dès lors, de nous quitter dans ces
circonstances ? Si brusquement. Nous qui ne nous étions
pas habitués à son mal.
" Je te ferai aimer l'accordéon ", me
disait-il souvent. Pourquoi nier qu'il y parvenait ?
Grandis à deux écoles bien différentes,
voire opposées : moi, à celle du jazz moderne
et d'une certaine intelligentsia ; lui à celle
de la musique qui monte des cours, essentiellement populaire,
nous n'avions rien, musicalement parlant, pour nous rencontrer.
La vie, maligne, inventa d'autres circonstances si bien
que petit à petit, mes oreilles, et mon coeur surtout,
s'ouvrirent à cette musique. Il est vrai qu'il
jouait si justement, si bellement avec tellement de goût
! Par le charme de la qualité, le traître,
il m'avait eu...
C'était sans doute, l'un des meilleurs accordéonistes
de son temps. Il lui aurait fallu quelques années
de plus pour se l'entendre dire. Nous, nous le saurons,
ses disques le perpétuant.
Il eut été content, quoi de plus naturel,
de recevoir ces louanges sur son art. Mais il ne les recevra
jamais. Comme il n'a jamais eu la satisfaction de recevoir
de ses concitoyens montbardois, l'accueil chaleureux qu'il
était en droit d'attendre d'eux ; une chaleur que
les autres lui réservaient à chacune de
ses productions.
Qu'importe aujourd'hui ? Le malheur n'est pas pour celui
qui s'en va. Mais pour ceux qui restent !...
Salut Jo !
Jean-Hélios GRANDJEAN
L'histoire d'une vie
Jo Hubert est mort (voir Dépêches du 21
mai) sans connaître la joie de voir paraître
son dixième disque. Rendez-vous était pris
pour l'ensemble de son orchestre montbardois le 3 juin
prochain à Paris pour l'enregistrement d'une série,
d'airs traditionnels et de compositions originales consacrées
au Berry et à la Bourgogne.
Car Jo Hubert était aussi compositeur, auteur surtout
de valses et de tangos. Il a composé plus de deux
cents pièces de musique, ritournelles qui correspondaient
à son style et au goût de sa clientèle.
Pendant près d'une trentaine d'années, jalonnées
de deux mille bals (dont le dernier à Sainte-Colombe,
le 30 avril), celle-ci l'a toujours soutenu et plébiscité
dans son effort de réhabilitation du " musette
", tellement galvaudé et décrié.
On peut dire que toute sa vie a été dominée
et conditionnée par l'accordéon : "
Il aimait son instrument ", dit Georges Fichet ;
" C'était sa vie ; il avait un doigté
extraordinaire : un vrai Verchuren ! ".
Dans sa maison de Saint-Rémy, M. Fichet évoque
les longues années d'amitié et de compagnonnage,
de complicité avec " Jojo ". Georges
Hubert et lui ont commencé ensemble à s'exprimer
par la musique, l'un comme accordéoniste, l'autre
comme saxophoniste. " Nous avons démarré
à la Libération ; il avait quinze ans, j'en
avais dix huit. "
En 1953, premier orchestre : " Les Jo et les Gil
" formé de Jo Hubert, Joseph Zocchedu, Georges
Fichet et Gilbert Pasdeloup. Il laisse la place aux deux
versions successives des " Diables Noirs ".
Depuis huit saisons, Joseph Fajerman l'accompagnait comme
guitariste. Et tout comme Georges Fichet, il a aimé
l'homme : " un très bon camarade, un vrai
copain, jovial, chaleureux, qui n'avait que des amis.
Je l'ai admiré, car il était très
courageux devant sa maladie, mais aussi au travail. De
régleur, il est devenu chef d'équipe au
Métal déployé. Il y a seulement trois
semaines, il était encore au travail.
A Montbard, beaucoup de gens pourraient parler ainsi de
Jo Hubert ; dire, par exemple, qu'il avait " toujours
bon moral et ne se plaignait pas ; il ne parlait même
jamais de son sort et gardait le ferme espoir de revenir
à Montbard ".
Hospitalisé le 9 mai, il disait à l'un de
ses visiteurs : " Si je n'avais pas de fièvre,
je m'en irais... ". Pourtant, depuis deux mois, son
existence quotidienne était un véritable
supplice. Il n'arrivait qu'avec peine à respirer.
A son épouse, à ses quatre enfants, à
tous ceux qui l'ont connu et aimé, nous présentons
ici nos vives et bien sincères condoléances.
Les
Dépêches
Mort de Jo Hubert métallo
et chantre de la Bourgogne
MONTBARD (C.P.) - Métallo le jour, accordéoniste,
chef d'orchestre le week-end : c'était Jo
Hubert, bien connu dans cette Bourgogne dont il
avait voulu faire revivre le folklore. Il est mort
hier après-midi, au centre Leclerc à
Dijon, victime d'un cancer qui, depuis de longs
mois, lui dévorait la gorge.
Originaire de Montbard, Georges Hubert avait conservé
malgré une certaine notoriété,
son emploi au Métal Déployé.
C'est qu'il était profondément enraciné dans le monde ouvrier ...
De son père, musicien formé à
différents instruments, il avait hérité
du goût de la musique. A sa suite, il avait
choisi son langage : celui de l'accordéon.
Au fil des années, il avait épuré
son style et était parvenu vers la quarantaine
à maîtriser parfaitement " Le
piano du pauvre ".
En mars 1976, il sortait son quatrième 30
cm " Sous le ciel de Bourgogne " Mais
chacun des ses neuf disques témoignait de
sa constante recherche pour mettre en valeur le
passé bourguignon, dans sa tradition la plus
naïve et peut-être la plus riche : celle
des chants et des danses campagnardes.
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